Je suis venu, j’ai vu…
Ça remontait aux temps anciens où l’on attaquait les autres villes par principe, puis on revenait les passer à tabac si elles donnaient l’impression de redresser la tête. Et en ce temps-là, on se fichait bien d’agir au vu et au su du reste du monde. On voulait que le monde regarde et soit au courant. « Veni, vidi, vici. » Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu.
(…)
Ce n’était pas franchement une phrase qui venait à l’esprit du tac au tac. On sentait qu’il l’avait préparée. Il avait sans doute passé des soirées entières sous sa tente à chercher des mots courts commençant par v et à se les répéter, à titre d’essai… Veni, vini, vomui, je suis venu, j’ai trop bu, j’ai rendu ? Visi, veneri, valisi, j’ai une visite rendue, j’ai chopé une maladie mal venue, le camp j’ai foutu ? Ç’a dû être un drôle de soulagement de dénicher trois mots courts qui collaient. Il avait sûrement imaginé la phrase d’abord, puis il était parti en quête d’un pays à conquérir.
dans [Disque-monde-21]Va-t-en-guerre(1997) Terry Pratchett